De la découverte à la création d'un traitement

30/01/2015 17:00

Seulement 2 ans après la découverte de l'insuline en 1921, des laboratoires débutent la production d'insuline extraite de bœuf et de porc. Ces animaux sont alors abattus afin de prélever leur pancréas et d'extraire l'insuline. L'hormone porcine est cependant différente de celle de l'humain d'un acide aminé et celle bovine de trois acides aminés. Ainsi, des transformations sont nécessaires pour l'injecter chez l'être humain sans risque de rejet. Pour cela, l'insuline doit être purifiée au maximum grâce à un procédé nommé chromatographie. Cette technique s'apparente à une méthode d'analyse afin de séparer des éléments d'une solution. Dans le cas de l'insuline animale, la chromatographie sert à séparer les substances non appropriées à l'homme, de l'insuline nécessaire à ce dernier.

    L'insuline est rapidement commercialisée et une production suffisante pour les diabétiques insulinodépendants est assurée. Une ère est close. Commence alors l'histoire des complications qui auront le temps de se développer puisque les diabétiques vont avoir une espérance de vie pratiquement normale.

 

 

 

 

 

 

    De plus, cette insuline animale s'avère être une solution comportant des points négatifs : pour éviter le refus de certains patients de confession juive ou musulmane, dont la religion interdit la consommation de porc, la plupart des médecins diabétologues dissimulait la provenance de l'insuline. De plus, certains patients faisaient face à des problèmes de rejet. Cependant, l'insuline bovine et porcine a tout de même servi à soigner de nombreux patients comme Léonard Thompson, le premier à recevoir des soins à base d'insuline.

 

Chaine des acides aminés de l'insuline

 

 

 

       

     Des améliorations ont lieu tout au long du XXème siècle. Les chercheurs s'orientent vers la meilleure façon d'administrer l'insuline et cherchent donc a mieux la connaître.

 

     Dès 1926, J-J Abel obtient une insuline cristallisée, la première de toutes les protéines à être isolée sous cette forme purifiée. Les diabétiques doivent cependant se faire plusieurs injections par jour, la durée d'action de l'insuline dans le pancréas étant courte. En 1934, Hans Christian Hagedorn, des laboratoires Nordisk au Danemark, imagine de préparer des insulines « impures », fixées sur des supports protéiques car leur durée d'action est prolongée. Il crée ainsi la première forme d'insuline dite « lente », ce qui résout donc le problème du nombre d'injections quotidiennes. Il ajoute ensuite du zinc permettant d'augmenter encore la durée d'action de l'insuline. Ainsi, les diabétiques n'ont plus besoin que de deux voire d'une injections par jour, une grande avancée dans le confort du patient.

 

 

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Vingt-cinq plus tard, des améliorations sont apportées : des insulines de zinc cristallines, de très longues durées d 'action, et des insulines amorphes de durée d'action de douze à dix-huit heures sont réalisées par Jorgen Schlichtkrull. Ainsi, le diabétologue dispose de plusieurs formes d'insuline différentes dont les modalités de prescriptions visent à mimer le fonctionnement du pancréas

 

    

De nombreux chercheurs s'intéressent à cette hormone. Une grande avancée est réalisée par un anglais, Frédéric Sanger, qui en 1958, découvre la séquence des acides aminés des deux chaînes constituant l'insuline de bœuf. Ce progrès, couronné d'un prix Nobel la même année, aide les deux biologistes américains Rosalyn Yalow et Salomon Berson à retrouver la quantité infime d'une substance à doser dans le sang par des procédés physico-chimiques, ce qui leur vaut un autre prix Nobel.

 

    Malgré tout, au fur et à mesure des années et des patients traités, le monde médical se rend compte que le traitement par l'insuline provoque parfois des réactions allergiques, voire des chocs, et souvent des dépôts de graisse ou au contraire des disparitions de la graisse cutanée aux points d'injection. Ces accidents sont dus au fait que les préparations d'insuline sont « impures ». En effet, il s'agit d'insulines animales dont l'isolement du pancréas de bœuf et de porc peut laisser des protéines indésirables. C'est alors qu'une nouvelle avancée voit le jour. Des méthodes de chromatographie en phase liquide permettent de fabriquer des insulines « monocomposées » autrement dit presque pures. Peu de temps après, un second progrès est réalisé puisque les insulines animales deviennent « humanisés » c'est-à-dire que le seul acide aminé qui distingue le porc de l'homme est remplacé. On peut donc dire que l'insuline de porc devient humaine, une avancée révolutionnaire dans le monde médical de l'époque

 

 

 

Point historique : un contexte propice à la découverte

 

A la fin du XIXème siècle, seulement un siècle après la première révolution industrielle ayant eu lieu en Europe, l'utilisation d'une nouvelle matière première, le prétrole en engendre une seconde, cette fois-ci également aux Etats-Unis. De nombreux immigrants européens arrivent sur ce territoire encore peu peuplé et inexploré. Ils apportent avec eux les connaissances et les technologies issues de la première révolution industrielle. Parallèlement, en Europe, la première Guerre Mondiale a lieu. Les Etats-Unis, alors que tout le continent européen est détruit après cette guerre historique, en profitent pour se développer et prêter de l’argent aux pays dévastés. Le continent américain va donc s’enrichir et devenir l’épicentre de cette deuxième révolution industrielle. C’est dans ce contexte qu'elle va permettre notamment le développement de la chimie. dont l'industrie va connaître un grand essor. De nombreuses découvertes ont lieu, des laboratoires vont voir le jour. Une nouvelle ère débute, celle de la découverte et des avancées médicales considérables. C’est ainsi que de nombreux chercheurs s’intéressent à des maladies comme le diabète, jusqu’alors peu connues des médecins.

        On peut donc dire que les progrès sur le diabète de type 1 ont été réalisables et nettement aidés par le contexte favorable de la deuxième révolution industrielle.

 

 

 

LE SAVIEZ VOUS ? 

Dans le cadre du diabète de type 1, un enfant a 5% de chance d'avoir un diabète de type 1 si l'un de ses parents est malade.
 

 

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Diabètetpeberthelot camsmam@hotmail.fr